lundi 21 février 2011

''Ni intervention militaire, ni sécession en Côte d'Ivoire, mais des solutions négociées''

‘’Un contentieux électoral ne se règle pas avec la force’’, BRO-GREBE GENEVIEVES
‘’ Nous ne voulons pas de force militaire en Côte d’Ivoire. Un contentieux électoral ne se règle pas avec la force’’, a indiqué, à Dakar, Bro-Grébé Géneviève, ancienne ministre des sports de Côte d’Ivoire.
‘’Il y a des contentieux électoraux partout. Si chaque fois on devait envoyer une force militaire, je pense que le monde n’existerait plus’’ a-t-elle déclaré, avant de rappeler que ‘’Les Etats-Unis, le pays le plus puissant au monde a eu un contentieux électoral en 2000 on a failli recompter les voix entre Georges W. Bush et Al Gore et c’est la cour suprême qui a finalement donner la décision définitive’’.
‘’Alors pourquoi en Côte-d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara dit qu’il a gagné l’élection il ne veut pas qu’on recompte les voix et que tous ses amis, comme il en a beaucoup, tous les puissants du monde appellent à une guerre civile. Nous disons non’’, poursuit-elle.
Mme Bro-Grébé Géneviève s’exprimait lors d’un débat, à l’occasion du Forum social mondial, tenu à Dakar, du 06 au 11 Février 2011. Sur le thème : « Ni intervention militaire, ni sécession en Côte d’Ivoire, mais des solutions négociées ».
‘’La Côte-d’Ivoire pèse 40% si non plus dans l’UEMOA. Si on prend des sanctions contre ce pays c’est pour toute la sous-région qu’on sanctionne. La Côte-d’Ivoire reçoit les bateaux, les marchandises, du Mali, du Burkina Faso et si on fait un blocus maritime à la Côte-d’Ivoire ces pays aussi vont souffrir’’, a-t-elle prévenu.
Mme Bro-Grébé, actuellement présidente des femmes patriotes de Côte d’Ivoire a souligné que’’ C’est pour cela que nous avons souris quand les gens ont parlé de la force de l’ECOMOG pour venir ‘’enlever’’ Gbagbo Laurent comme ils le disent. Mais ils ne peuvent pas enlever Gbagbo sans que les partisans de ce dernier ne réagissent’’.
‘’Et une guerre comme celle-là c’est toute la sous-région qui est embrasée parce que n’oubliez pas qu’il y a 4 millions de burkinabé en Côte d’Ivoire, près d’un million de sénégalais, deux millions de maliens, deux millions de nigérians, il y a plus de dix millions de ressortissants de la CEDEAO en Côte d’Ivoire avec qui nous avons toujours vécus en bonne intelligence’’, a-t-elle précisé.
Auparavant, Mme Bro-Grébé a expliqué que ‘’On a pris des prétextes de xénophobie, d’enfants esclaves, figurez-vous que la Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao depuis quarante ans. Dès que Gbagbo est venu au pouvoir c’est là que la communauté internationale se rend compte que sont des enfants esclaves qui produisent le cacao en Côte d’Ivoire. On dit que nous sommes xénophobes. Un pays qui a 40% d’étrangers sur son sol. En Afrique, après la Côte d’Ivoire, le pays qui a plus d’étrangers sur son sol c’est le Sénégal, avec 2,5%, et on nous traite de xénophobes, c’est grave’’.
L’ancienne ministre des sports de Côte d’Ivoire a rappelé que ‘’On a pris des prétextes pour justifier l’attaque des rebelles. Les rebelles nous ont attaqué depuis 2002 en voulant enlever Gbagbo du pouvoir, Gbagbo est encore là’’.
‘’On leur a pris la main dans le sac nous avons toutes les preuves que nous avons distribués à tout le monde. Le camp de Ouattara n’a apporté aucune preuve, ils ont dit seulement Ado président et Gbagbo dégage. Ils ont fait des exactions massives et ont tué’’, a-t-elle regretté.
‘’C’est pourquoi le conseil constitutionnel a invalidé les résultats de ces régions. Certains demandent pourquoi le conseil constitutionnel n’a pas invalidé tout le scrutin. Il avait le choix. Dans la constitution, seul le conseil constitutionnel peut valider ou invalider une élection présidentielle’’, a-t-elle poursuivi, avant d’affirmer que ‘’ La Côte d’Ivoire a payé à hauteur de 95% pour l’organisation de l’élection présidentielle’’.
‘’Quand les puissances internationales veulent vous avoir elles vont utiliser tous les prétextes pour vous anéantir. C’est Nicola Sarkozy qui a reconnu Ouattara sur la base des résultats provisoires qui ont été donnés hors délais et hors cadre. Il était en Inde quand il a déclaré son soutien à Ouattara, en même temps les Etats-Unis l’ont reconnu, l’Union européenne. Il a téléphoné onze fois au président en exercice de la CEDEAO, Good Luck Jonathan en lui demandant de reconnaitre Ouattara ensuite il a téléphoné à l’Union africaine, tout le monde a reconnu Ouattara. Pourquoi tant d’empressement’’, s’est interrogée, Mme Bro-Grébé Géneviève, la présidente des femmes patriotes de Côte d’Ivoire.
‘’Il y a des présidents africains qui sont dignes et qui disent non à la France. En Côte d’Ivoire, nous disons non à la France, ce n’est pas ce pays qui va nous donner un président, c’est notre peuple qui élit un président’’, poursuit-elle.
‘’Il y aura pas une solution armée, aucune armée quel que soit sa puissance ne peut venir à bout à un peuple debout. On a vu ça en Algérie, le peuple n’avait pas d’armes lorsqu’il a chassé les français, au Viêtnam c’était pareil’’ a-t-elle rappelé.
‘’La foi et la détermination du peuple ivoirien valent plus que tout autre chose. Nous nous battons pour la liberté, notre dignité et notre souveraineté. Les jeunes et les femmes sont prêts à se battre. Nicola Sarkozy aura des millions de jeunes à tuer avant d’installer Alassane Ouattara au pouvoir. Tant qu’il ne nous a pas encore tués, Ouattara ne sera jamais président en Côte d’Ivoire’’, a déclaré, la présidente des femmes patriotes de Côte d’Ivoire.
‘’Et ce pays ne va pas aller en sécession. On va aller au dialogue et c’est avec le dialogue qu’on sera ce qui s’est passé’’, conclut-elle.