lundi 27 janvier 2014

Paix en Casamance : le porte-parole du MFDC recadre la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance


Abdou Elinkine Diatta critique la démarche de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance. Le porte-parole du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) estime que la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance doit être impartiale pour arriver à une paix définitive  dans la région sud du Sénégal.

« La Plateforme des femmes parle d’agression des femmes. Nous respectons. Oui, nous disons qu’elle a le droit de le dire. Mais nous aussi, nous disons que les populations de la Casamance plus particulièrement les membres du MFDC, hommes, femmes et enfants ont été agressés d’abord le jour du 26 décembre 1982 (Ndlr : début du conflit armé dans le sud du Sénégal). Après il y a eu beaucoup d’arrestations arbitraires, beaucoup de disparitions inexpliquées. Dans le débat on a parlé du rôle des femmes. Abbé Diamacoune (Ndlr : Abbé Augustin Diamacoune Senghor décédé le 13 janvier 2007 et enterré le 20 du même mois, au cimetière des prêtres de Brin, non loin de Ziguinchor) disait que la femme, en milieu traditionnel casamançais jouait le rôle de la Croix rouge, exact. Maintenant le rapport qu’il faut faire, s’il y a un regroupement soit disant Plateforme des femmes qui veut se baser sur ces valeurs traditionnelles, la question reste à poser. Est-ce que cette structure (la Plateforme) se base franchement sur les anciennes données de ces femmes traditionnelles casamançaises qui jouaient le rôle de la Croix rouge ».
« C’est pour dire qu’un jour un combattant a été tué et exposé au rond point d’Oussouye. Qu’est ce que la Plateforme a fait pour jouer le franc jeu. Aucune revendication de la Plateforme, pas de marche pour la Plateforme. Il faut souvent constater quand des sénégalais sont atteints la Plateforme joue maintenant le rôle de la femme », a expliqué, Abdou Elinkine Diatta, porte-parole du MFDC.
Le porte-parole du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) s’exprimait ce samedi sur les ondes de Radio Sénégal International (RSI), dans l’émission Questions d’actualité.
Répondant à la question de savoir pourquoi le conflit a-t-il tant duré, le porte-parole dira « Je commence par rectifier, lever une équivoque. Chez nous, au niveau du MFDC on ne parle pas de conflit. On parle plutôt d’une agression sénégalaise. Parce que le 26 décembre 1982 (Ndlr : début du conflit armé dans le sud du Sénégal), tous les manifestants qui étaient partis de Mangocouro, hommes et femmes ne portaient des armes et ont été attaqués par les forces de l’ordre du Sénégal. C’est pourquoi pour circonscrire le conflit, nous disons que le problème de la Casamance est une agression sénégalaise et reste vraiment une expression saine ».

M. Diatta dira que le concept de bois sacré « est vraiment à banaliser. Je crois que ce concept nouveau de bois sacré a été une instrumentalisation de certains responsables religieux et les sénégalais. En réalité, il y a des femmes des bois sacrés qui ne se trouvent pas dans ces structures là et qui, quelque part agissent. Par exemple, quand il s’agissait de libérer les 6 détenus dans le maquis, les démineurs, ce sont des femmes du MFDC où il y avait des femmes prêtresses qui sont allées libérer ces 6 personnes devant la Plateforme. Et quand elles les ont amené et les combattants ont été clairs. Il fallait les libérer au siège du MFDC. La fameuse Plateforme a régné de par son absence. Est-ce qu’elle a véritablement joué le rôle de la Croix rouge ».
« Si nous prenons la constitution diola (Ndlr : diola une des ethnies dans le sud du pays), la femme n’assiste pas aux décisions de prise de guerre. C’est ce qui explique quand il y avait les rencontres de Diabir il y avait aucune femme qui était permise. Il est vrai que la femme parfois prend part du coté du mari mais ne perd jamais de vue. C’est elle qui crée les progénitures. C’est pour cela quand des vies sont décimées des femmes pouvaient s’interposer pour dire arrêter de détruire nos progénitures. Donc, dire qu’il y a des gens qui ont pris des serments, c’est faux. Il n’y a jamais eu de serment de guerre », précise, le porte-parole du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).
Selon Abdou Elinkine Diatta « Quand ce mouvement a éclaté à cette époque, personne ne pouvait chuchoter de son appartenance au MFDC, sinon vous êtes voué à la guillotine. Les gens quittaient les villages pour arriver au maquis. Moi, par exemple, quand je partais au maquis la première fois, même mon père n’était pas au courant. C’est comme ça, donc où est ce que les serments là ont été pris. Ça c’est tout simplement une philosophie pour vivre du conflit ».
Auparavant le porte-parole du MFDC a fustigé l’absence des autorités lors d’un match de Football organisé à l’occasion de l’anniversaire de Abbé Augustin Diamacoune Senghor décédé le 13 janvier 2007. « Ironie du sort, à l’occasion de l’anniversaire de Abbé Augustin Diamaoune Senghor la jeunesse de Ziguinchor  nous a demandé qu’on se retrouve autour d’une équipe, une sélection MFDC-Etat pour jouer contre la jeunesse. Les autorités ont promis et le moment venu elles n’ont pas pris part. Qu’est ce que ça veut dire. Parce que  pour les jeunes, l’idée était de se retrouver autour d’une équipe pour jouer d’abord. Ce serait vraiment la plus grande promesse qu’on aurait donné à la jeunesse de Casamance. Mais pourquoi l’Etat n’a pas répondu. Abbé disait que si c’est un courage de faire la guerre, il est encore plus courageux de faire la paix », a rappelé, Abdou Elinkine Diatta, avant de dire que « Nous avons marché dans les artères  de Ziguinchor avec ce slogan fort pour leur dire que nous sommes plus que jamais déterminé à aller autour d’une table des négociations et à parler de la paix des braves ».
Interrogé sur les nombreuses branches au sein du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), le porte-parole du MFDC a déclaré à qui veut l’entendre que « Mais on est entrain de faire la paix entre nous rebelles. Est-ce que les sénégalais font la paix entre eux, nos adversaires qu’on doit rencontrer. Il y a combien de divergences dans vos partis politiques. Cela n’empêche pas qu’ils aient des acquis. Est-ce que les sénégalais font la paix entre eux. Quand ils disent que nous sommes divisés, ils sont dix mille fois plus divisés  que nous ».
Au cours de l’émission, Seynabou Maal Cissé, responsable de la commission dialogue de la Plateforme pour la paix en Casamance a soutenu que « Je ne répondrai pas aux provocations de Abdou que nous avons déjà rencontré en tant que Plateforme. Nous avons rencontré Abdou Elinkine et ses hommes et femmes pour clarifier un certain nombre de chose. La Plateforme continue effectivement de jouer son rôle. Nous sommes des donneuses de vie et que dans la Casamance si la vie que nous contribuons à donner est en danger, les femmes se lèvent. C’est là où nous tirons toutes nos forces. C’est dans ce cadre que s’est tenu le symposium sur le rôle de la femme pour la paix en Casamance ».
« Nous avons l’impression qu’on nous entend parce que nous avons rencontré certaines parties du Mouvement. On n’a pas eu d’abord l’occasion de rencontrer Saliou Sadio. Peut être c’est la seule aile armée que nous n’avons pas encore rencontré dans le maquis. C’est pour leur donner notre point de vue, de ce que nous voulons faire. On les a complètement trouvés ouverts et ils sont dans de bonnes dispositions pour aller à la paix. On a parlé de l’éclatement du Mouvement en plusieurs factions. Ils nous ont expliqué. Ils sont aidés par d’autres organisations pour se rencontrer. Aujourd’hui ils sont divisés. Il y a l’aile politique qui est relativement divisée. Il y a l’aile intérieure et l’aile extérieure. Il y a des efforts sérieux à faire pour qu’elles soient ensemble », a ajouté, Mme Maal Cissé.


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